ReactiveCity

Conception graphique : www.wisson.fr

L’élimination de ces biocides urbains à la source ou par procédés de traitement spécifiques dans les stations d’épuration (pour les molécules non substituables) constitue un défi majeur indissociable de la gestion quantitative des eaux urbaines pour préserver la santé des citadin.e.s et les écosystèmes urbains des villes du Rhin Supérieur, mais également pour soutenir les besoins en eau d’une végétalisation croissante en zones urbaines.

Pourtant, ces biocides sont toujours intensivement utilisés dans les peintures des façades mais aussi dans les produits domestiques du quotidien. Cela traduit notamment une prise de conscience encore limitée des sources d’émissions par la chaîne d’acteurs, incluant les consommateurs, les architectes, les peintres, les industriels et les services de l’eau et d’urbanismes. D’autre part, les rendements des stations d’épuration classiques sont limités pour ces biocides urbains notamment pour les antibiotiques que l’on retrouve dans les eaux usées brutes. Cela soulève la question de l’impact écotoxicologique des biocides et notamment la génération d’antibiorésistances dans les rivières urbaines. Sur la base d’un diagnostic partagé des partenaires académiques et non académiques du projet, l’accompagnement vers une ville sans biocides fait encore largement défaut contrairement aux polluants urbains historiques mieux connus et pris en compte dans les ouvrages de traitement des eaux pluviales et usées. L’évaluation des risques liés aux biocides reste lacunaire à l’échelle du Rhin Supérieur, les outils de diagnostic de la réactivité de ces zones d’accumulation restent à construire et la compréhension du jeu d’acteurs et de leur capacité à réagir a été partiellement et uniquement explorée pour les biocides de façades (NAVEBGO). Ainsi, l’objectif de réduction des biocides urbains reste peu abordé dans les plans et les projection urbaine des villes du Rhin Supérieur, repoussant sa mise en œuvre. Il est donc urgent d'évaluer la capacité de réaction urbaine dans ses interfaces sociales et biogéophysiques pour répondre aux méconnaissances concernant les sources, les flux et l’impact écotoxicologique des biocides urbains.  

Objectifs du projet :

ReactiveCity vise à accompagner les villes du Rhin Supérieur vers le zéro-biocides à la source et en sortie des stations d’épuration pour lesmolécules non substituables.

Ceci implique à court terme, sur la durée du projet, de produire des références régionales, de développer des outils et de structurer la chaine d‘acteurs concernés pour répondre à quatre enjeux :

• Établir un diagnostic spatialisé de la ville et commun au Rhin Supérieur des zones d’émissions, de dissipation et transformation et d’accumulation de ces biocides urbains pour accompagner la transition vers une ville perméable.
• Réduire les risques de remobilisation des stocks historiques des biocides depuis les sols et les sédiments des milieux aquatiques lors de la transition vers une ville perméable.
• Identifier les défis et alternatives à l’utilisation des biocides de façades en ville pour définir une stratégie globale de réduction, de substitution et d’élimination des biocides de façades à l’échelle d’une ville, en s’appuyant sur les résultats du projet Interreg NAVEBGO produits à l’échelle des quartiers.
• Identifier les défis et alternatives à l’utilisationdes différentes familles de micropolluants émergeants à usages domestiques pour définir une stratégie globale de réduction, de substitution et d’élimination de ces composés à l’échelle de collectivités raccordées à une station d’épuration.

ReactiveCity vise donc à court terme à comprendre, mobiliser et enrichir les composantes (i) sociales pour amplifier la prise de conscience par la chaîne d’acteurs des défis et des enjeux vis-à-vis des biocides urbains et pour stimuler la recherche active et démonstrative d’alternatives et des moyens de les valoriser et de les disséminer, et (ii) écosystémiques pour identifier et prédire les conditions de dégradation, d’accumulation et de mobilisation des biocides dans les différents compartiments urbains, sols, sédiments des rivières et eaux souterraines ainsi que l’impact écotoxicologique associé (Figure 2). Cela permettra d'identifier les options de réduction à court terme et d'élimination à moyen terme des biocides urbains les plus nocifs, ainsi que des solutions pour limiter la dispersion vers l’environnement urbain des biocides dont les alternatives sont actuellement limitées, comme pour les antibiotiques.

ReactiveCity s’appuie sur des approches : sociologiques (i.e., caractérisation des chaînes de décision des acteurs impliqués dans l’utilisation de ces biocides, leur niveau de conscience de leur impact et les freins à l’utilisation d’alternatives), architecturales (i.e., promotion de l’habitat sans biocide, notamment par l’usage d’enduits de façade à base de matériaux bio/géo sourcés sans biocides), hydrobiogéochimiques (temps caractéristiques de la vie, voies de transport, accumulation, dégradation, écotoxicologie des biocides), et de cartographie du risque d’accumulation et de remobilisation et des zones réactives permettant la dégradation de ces biocides en étendant les approches actuelles du quartier à la ville selon le type de systèmes (unitaire ou séparatif) et le type de gestionde l’eau (réutilisation des eaux grises, de l’eau pluviale).

Pour catalyser l’appropriation et de mise en œuvre de solutions durables dans la planification urbaine, ReactiveCity propose un forum transfrontalier de discussions et d’actions adossée sur quatre plateformes franco-allemandes (citoyenne, application, formation et scientifique) regroupant l’ensemble des acteurs pour changer à moyen terme de regard et de pratiques vis à vis des biocides (Figure 2).

Résultats attendus :

ReactiveCity est conçu pour produire, partager et pérenniser des résultats opérationnels et transférables à chaque territoire urbain du Rhin Supérieur souhaitant intégrer la réduction des biocides dans son plan d’adaptation pour atténuer l’impact du dérèglement climatique.

Pour faciliter le diagnostic et accompagner la prise de décision des territoires urbains, ReactiveCity produira :

• des méthodes et outils de diagnostic innovants du devenir et de l’impact des biocides urbains grâce à un consortium scientifique pluridisciplinaire ;
• des références régionales en termes de sources, de devenir et d’impact des différentes classes de biocides en harmonisant/adaptant les méthodes diagnostic sur les territoires urbains partenaires ;

Pour partager et pérenniser cette production, une structure de co-conception de solutions innovantes sous la forme d’un forum transfrontalier de discussion et d’action, mobilisera la chaine d’acteurs concernés par les biocides et la planification urbaine au sein de 4 plateformes dédiées (citoyenne, d’application, d’enseignant-formateur et scientifique ; figure 2).

ReactiveCity sera directement associé à l’Initiative PACTE pour « Penser, aménager et construire en transition écologique » en zones urbaines, développée dans le cadre de l’Eurométropole de Strasbourg. PACTE permettra notamment d’expliquer les enjeux aux citoyens et aux élus et de peser sur les décisions d’urbanisme pendant et après la fin du projet. La mise en place d’une ‘Initiative PACTE transfrontalière’ sera étudiée.

Les résultats de ReactiveCity seront synthétisés sous forme de capsules pédagogiques (fiches synthétiques et courtes vidéos) en versions française et allemande déclinées pour cinq familles d’acteurs que sont (i) les habitants et acteurs associatifs de ces villes, (ii) les services des villes du Rhin Supérieur en charge de la planification urbaine et de la gestion de l’eau et de l’environnement, (iii) les professionnels de la construction et de l’urbanisme, (iv) les étudiants et élèves-ingénieurs des formations en architectures et gestion de l’eau et de l’environnement, et (v) les scientifiques du domaine, soit 20 capsules pédagogiques de 5 à 10 minutes. La diffusion de ces capsules se fera depuis le site internet du projet ReactiveCity mais également via les réseaux de communication listés dans la rubrique 9.4. Chacune des quatre plateformes (citoyenne, d’application, d’enseignant-formateur et scientifique) proposera un plan de diffusion et les médias les plus adaptés (réseaux sociaux, newsletters, etc) pour la promotion et la valorisation de ces capsules.

En collaboration avec les services de communication des trois villes tests, un parcours pédestre fléché permettra aux citoyens de consulter, via un affichage QRcode, des capsules pédagogiques « Grand public » aux endroits stratégiques illustrant (i) les conditions à risque de remobilisation de biocides historiques, mais également (ii) les environnements favorisant la dissipation et la dégradation de ces biocides et (iii) les initiatives architecturales et de gestion des eaux pluviales illustrant ce que peut être une ville perméable sans biocides, à faible impact écotoxicologique.

Le parcours strasbourgeois s’appuiera sur le quartier du Môle Citadelle, retenu comme site pilote de démonstration du projet ReactiveCity. Ce fléchage et la promotion de ces parcours seront assurés par les services communication des villes de Fribourg et Landau et de l’Eurométropole de Strasbourg.

La durée du projet proposé est de quatre ans (sept. 2023 - août 2027) pour pouvoir produire, partager et diffuser l’ensemble des résultats et des productions durant le projet lui-même, la phase d'acquisition des données et de production des résultats demandant trois années.  

Publics cibles et co-construction :

ReactiveCity cible quatre publics pour catalyser l’appropriation et de mise en œuvre de solutions durables dans la planification urbaine. Dans un forum transfrontalier de discussion et d’action, chaque public cible co-construira des solutions durables dans une des quatre plateformes (Figure 2) :

• Citoyenne : regroupant des représentants d’associations environnementales, d’usagers, et de structures foncières des trois villes tests pour favoriser la sensibilisation et l’adoption d’alternatives aux biocides ;
• Application : regroupant les services en charge de l’architecture, de l’urbanisme et de la gestion des eaux urbaines des villes partenaires et des associations de maires des territoires alsaciens et badois, et les acteurs professionnels comme les architectes, urbanistes, et peintres pour traduire les résultats de ReactiveCity en règles et pratiques d’architecture, d’urbanismes et en initiatives de substitution des biocides urbains ;
• Enseignement-formation : regroupant les universités de Landau, Fribourg et Strasbourg, de l’ENGEES et de l’INSA pour sensibiliser les futurs professionnels à la problématique des biocides urbains et stimuler leur capacité d’innovations sans biocides ;
• Recherche : associant les laboratoires partenaires du projet aux compétences complémentaires, pour structurer au niveau du Rhin Supérieur une recherche pluridisciplinaire originale sur les biocides urbains reconnue internationalement.

Un comité de pilotage inter-plateforme intégrant les partenaires de ReactiveCity assurera la gouvernance du forum et favorisera les travaux inter-plateformes pour croiser les regards.

Consortium :

Pour répondre aux enjeux et défis de ReactiveCity, six équipes de recherche des universités de Strasbourg, Landau et Fribourg, du CNRS et de deux écoles d’ingénieurs (ENGEES et INSA) aux domaines de compétences complémentaires (sciences sociales et humaines, architecture, hydrologie, chimie des polluants et écotoxicologie) s’associent à trois villes du Rhin supérieur (Strasbourg, Landau et Fribourg), à deux structures de gestion des eaux usées (SDEA et Abwasserzweckverband Breisgauer Buch) et à deux pôles de compétitivité dédiés de l’eau (Hydreos) et à la construction durable (build&connect du pôle Fibre EnergiVie) (Figure 2).  

Equipes de recherche :

• Unité Mixte de Recherche Institut Terre et Environnement (ITES - CNRS, Université de Strasbourg, CNRS, ENGEES), porteur du projet
• Unité Mixte de Recherche Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE - CNRS et Université de Strasbourg)
• INSA Strasbourg, Chaire « Cadre bâti frugal et transdisciplinarité »
• Chaire d’hydrologie, Université Albert-Ludwigs de Fribourg
• Institut des Sciences Pharmaceutiques, Université Albert-Ludwigs de Fribourg
• Rheinland-Pfälzische Technische Universität, Kaiserslautern-Landau (RPTU)

Partenaires associés :

• Eurométropole de Strasbourg
• Ville de Fribourg
• Ville de Landau
• Abwasserzweckverband Breisgauer Bucht
• Syndicat des Eaux et de l'Assainissement Alsace-Moselle (SDEA)
• L’Observatoire de la nappe d’Alsace (APRONA)
• HYDREOS, Pôle de compétitivité de la filière de l'Eau du Grand Est
• Build&connect du Pôle de compétitivité Fibres-Energivie, dédié aux matériaux et aux bâtiments