Quel éclairage des sciences humaines et sociales ?
5, 6 et 7 juin 2024 - École Nationale du Génie de l'Eau et de l'Environnement de Strasbourg (ENGEES) à Strasbourg, France
Vagues de chaleur, sécheresses et inondations sont désormais omniprésents dans notre quotidien, augmentant en fréquence et en intensité. Le concept de Solutions fondées sur la Nature (SfN) voit le jour à la fin de la décennie 2000, développé par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), qui a défini formellement les SfN en 2016 comme regroupant « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité ».
Les « Solutions fondées sur la Nature » (SfN) semblent pouvoir jouer un rôle dans la gestion des risques liés à l'eau, notamment pour réduire les risques d'inondation dans le contexte du changement climatique en favorisant la préservation et la restauration des écosystèmes fonctionnels.
Le concept de SfN est désormais présent dans les stratégies de nombreux États et territoires. Cependant, il prend des significations différentes selon les acteurs et les institutions qui l’utilisent. Cette ambiguïté peut faciliter l’action collective dans des situations qui s’accommodent d’une diversité de significations. Cependant, cela peut être également source de tensions entre différents acteurs et intérêts contradictoires.
La littérature critique est encore sous-développée dans le contexte des sciences humaines et sociales pour mieux comprendre comment ce concept est institutionnalisé et mis en œuvre aux échelles nationale et locale.
Cette conférence vise à rassembler des recherches critiques sur les attentes des SfN dans le domaine des risques liés à l'eau tels que les inondations et les sécheresses, en approfondissant les résultats du projet « Solutions fondées sur la Nature, de la théorie à la pratique : comparer la France et les États-Unis » (2021-2024) financé par INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) à travers le Fonds Post AgreenSkills.
Inscriptions cloturées.
Date limite : 20 mai
SESSION 1
Quels modes de gouvernement et de gouvernance des SfN ?
Cet axe discutera des modes de gouvernement et de gouvernance que les SfN mettent en jeu. Quels types de rapports s’exercent entre États, acteurs publics, privés et citoyens lors de la fabrique des SfN (des politiques publiques ou des projets) ? Gouvernement à distance, par projets, à crédit, gouvernance négociée, participative, décentralisée, instruments incitatifs ou contraignants… quels sont les modes d’action publique et les instruments privilégiés des SfN ? Quelles sont les stratégies d’appropriation des SfN et quels changements sont apportés par les SfN au gouvernement de la nature, des territoires ou des risques ? Enfin, les SfN permettent-elles de transcender la dimension sectorielle de l’action publique largement dénoncée depuis les Objectifs de Développement Durable (ODD), ou de rendre mainstream la préservation de la biodiversité dans les autres domaines d’action publique, notamment climatiques ou agricoles?
SESSION 2
Quelles perceptions des SfN ?
Les SfN mettent en relation des acteurs divers, des gestionnaires, élus, habitants, associations, entreprises privées, etc. Comment les SfN (le concept ou les aménagements auxquels elles font référence) sont-elles perçues par les acteurs gestionnaires ou impliqués dans leur définition et/ou mise en œuvre ? Ce concept est-il approprié, critiqué, dénoncé, réinterprété, ou transformé par les cibles des politiques publiques que cette catégorie désigne ? Les SfN traduisent-elles une nouvelle conception de la nature, de la place de la nature en ville ou des rapports hommes-nature ? Les SfN contribuent-elles à la reconnaissance d’une agentivité aux non-humains ?
SESSION 3
Quelles territorialisations des SfN ?
Les SfN ont été élaborées dans des arènes internationales mais sont saisies par des acteurs territoriaux. Au-delà de penser l’étude des SfN comme par le prisme de la mise en œuvre ou de la diffusion/appropriation d’une norme internationale, il est intéressant de questionner ce que font les territoires aux SfN. En quoi les territoires où sont mis en œuvre les SfN agissent-ils sur les projets ou sur le concept ? En quoi les dynamiques territoriales, politiques ou foncières des territoires produisent-elles différents types de SfN ? Derrière le concept générique de SfN, comment sont-elles traduites localement ?
SESSION 4
Quelles recherches futures autour des SfN ?
Quelles recherches futures privilégier autour des SfN en sciences humaines et sociales ou selon des approches pluri ou interdisciplinaires avec les sciences biophysiques ? Quels sont les savoirs dominants autour des SfN ? Comment les communautés épistémiques et les disciplines scientifiques se saisissent-elles des SfN, et se reconfigurent-elles potentiellement à l’aune de ce concept ?